• 3
SALLE
DE SPECTACLE
DE BORDEAUX,
Par M. LO U I S.
AUX DÉPENS DE L’AUTEUR.
Et fe trouve- A PARIS,
Chez ESPRIT, Libraire, au Palais-Royal.
M. D C C. L X X X 1 1.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI.
QSi
C-/
fitourpa/er cet ouvra// e. du nam du premier vaaiyiteur deJZ/7 Ca/iort, votre confiance* et vos
tontes pe/severantes senitteroie/it s-eu/es' m’auttiorirer; mais J'y su/s porte par un sentiment de
justice encore p/us imperieuic . \^ous avis senti tu nécessite de donne/' u/ie Sotte de speetacte à
ta itte de -Qsdordeaua',, et voie* m'avez^ nomme pour et/e /'instrument de votre pro/et. /non
tiomnuu/e est donc une dette : it fiiito/t ni 'en acquitter envers vous, ^s£p)(u>llJettytieitr, et devant
ta postérité, tieurenæ, si vous voûtez, tien t'ayree/' aussi comme un tenwiynape de ma eeconnoissa/ice
Je suit avec un prpjoiut -respect — - >
otl/o
oo/zjatjnmr ,
otre ■ très tuant te et
très otet/Semt Serviteur
fi- OUtr) . '
ejneur
Que de QdQxcbelieu ,
tur et premier set iCarec/mt de Qd/'a/ice-, (fihevalier
fi
des ordres du ofix oe, Conniàih/e premier C 'pnti/honvne
de /a (f/iamhre de saut lùcy estel son ~L/ ei itérant- y eherat.
Cdouoernair de ïu haute et tusse C/ a tenue _
Qrt c t
DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
l’on ne doit pas toujours fe flatter d’obtenir une grande gloire par la Gravure
k par les Livres, au moins eft-il des cas où ils fourniflent des armes contre la
ùtyre la calomnie. Le Monument que j’ai élevé efl éloigné de la Capitale,
es bafes fur lefquelles je me fuis appuyé, les obftacles qui fe font préfentés, les
procédés que j’ai employés, tout efl: ignoré du Public, & j’ai voulu que le Public connut tout.
Si j etois alfez heureux pour que la Salle de Spedtacle de Bordeaux préfentât aux jeunes
Architectes des idées hardies , un plan & des détails neufs , quelque fcience dans l’exécution ,
je voudrois aufïï qu’ils y appriffent à foutenir avec courage ce qu’ils auroient conçu avec
des vues raifonnables. Ç’eft peut-être ce que j’offre ici par l’hiftorjque de la conftruCiion de
ma Salle.-
Il en falloit une à Bordeaux , & d'après les ordres que j’en reçus dé M. le Maréchal de Ri¬
chelieu, Gouverneur de la Guyenne ., je formai des projets qu’il figna avec le Corps de Ville au
mois de Mai 177 3.
Ce Plan étoit vafte; mais le Chef de la Province aggrandît encore mes idées, par l’encoura¬
gement dont il a toujours enflammé les talens. Pour les efprits à petites vues, qui ne favent
que les amortir , ou qui n’admettent rien de grand que dans Paris, le Monument que je pro-
pofois d’élever dans Bordeaux auroit paru une idée folle. Qu’ils fâchent que l’Italie n’auroit qu’une
route, fi tous les Chefs-d’œuvres dont elle efl: enrichie étoient entafîés dans Rome feule: mais
habitée jadis par des hommes pour qui trois parties de ce Globe n’étoient qu’un point, ils les
ont répandus dans tous les lieux qu’ils vouloient habiter. Auffr le Voyageur curieux, l’Artifte
ardent à s’inflruirç vont-ils fertilifer aujourd’hui tous les coins du domaine des anciens maîtres du
monde, que le défaut de commerce & dépopulation réduirait à la mifere & à la Aérilité. Pour¬
quoi ? c’eft que de Bayes, de Catanne à Ravennes j d’Ancone à Fréjus & à Orange, les Statues,
les Ponts, les Temples, les Aqueducs, les Amphithéâtres & les Arcs de Triomphe ont été fémés
gvec profùflon.
Les perfonnes qui diraient que la Salle dont je public les deflins étoit d’une trop grande
dépenfe pour Bordeaux, doivent apprendre que la plus heureufe fituation, la fertilité de fonfol,
A
2 DISCOURS préliminaire.
l'ardeur Sc l'intelligence de fes Habitans y animent un Commerce de plus de cent-cinquante
millions par an. Mais ce n'eft pas affez de ce point de vue , bien fait cependant pour autonfer
l’étendue de mon projet , je vais leur montrer encore que le Gouvernement qui embraffe les
intérêts divers du Royaume, m'a accordé les moyens de foulager la Ville de Bordeaux dans les
dépenfes d'un Monument qu'il a cru digne de fa grandeur.
Il eft au milieu du Port de cette Ville & dans la plus heureufe fituation , une Forterefle bâtie
dans le dernier fiècle, laquelle eft environnée devaftes glacis, tin Château fort au centre dune
Ville ne peut guère la défendre contre les ennemis de l'Etat; & la fidélité de fes Habitans
ralïureroit même la tyrannie, s'ils avoient à la craindre. C'eft donc fur la portion de ces Glacis la
plus voifine de la Bourfe , que M. le Maréchal de Richelieu me propofa d’élever une Salle de
Spedlacle : lieu où les affaires , autant que les plaifirs , réunifient chaque foir les Citoyens & les
Etrangers qui habitent une des premières Places de l'Europe. Le Roi en accordant quatre
mille huit cent trente toifes, fur le terrein dépendant du Château Trompette ( i ) , permit à la
Ville de vendre tout ce qui ne feroit pas néceffairè au Plan qu’EUe avoit adopté , & voulut que
le produit en fut employé à la confins clion de cet Edifice.
Ces avantages parurent fi grands , qu’un Négociant du premier ordre me propofa de fournir
des fonds pour l'exécution de mes Plans , fi je pouvois lui obtenir la pofieffion du Monument
pour trente ans , après lefquels la Ville en deviendroit abfolue Propriétaire. On auroit fans
doute refufé cette offre ; mais elle prouve au moins que j’avois proportionné mes projets à la
poflîbilité des moyens. Indépendamment de ceux qui étoient dûs à la munificence Royale, je
démontrai la certitude du produit que devoit procurer la location des lieux dépendants de ma
Salle. En conféquence la Ville fut autorifée à prendre des fonds fur un Emprunt formé pour
un autre objet , à l'effet de fournir aux premières dépenfes de la conftruction. Avant que de la
commencer , je demandai que l'Architeéte de la Ville , plus au fait des prix courans des ouvra¬
ges, arrêtât lui-même toutes conventions avec les Entrepreneurs. Ainfi aflùré de tout côté , je
commence à tracer mon Plan; 6e fourd aux clameurs de quelques domiciliés qui regrettoient
les arbres qu'il fallut faire abattre pour un Monument qui devoit cependant faire valoir les
pofiefiions qui en étoient voifines, je fais fouiller les terres.
La fondation d'un Edifice eft un travail trompeur, parce qu’on ne peut pas juger d’avance la
nature des fonds, ni tout ce qui recouvre les furfaces ; celles-ci cachoient (a) les fondemensdun
Monument antique à détruire; un Chenal; ;), aufii très-ancien qui recevoit les eaux de la rivière,
(i) Lettres Patentes du rj. Septembre 1773.
(a) Les Piliers Tuteles.
(3) Chenal, eft un courant d’eau bordé de terre, par lequel IesVaiflcaux peuvent paflèr. Le Chenal répond h ce qu’on
appelle communément une Garre.
préfenta
3
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
préfenta des obftacles auxquels il fallut remédier par des épuifemens pénibles, des pilotis nom¬
breux, des grillages, & en le comblant d’un amas de pierres confidérables. Enfin la néceflité de
regagner par des conflruétions, une pente que l’inftabilité du fol avoit encore augmenté: tous
ces objets produifirent des dépenfes inattendues, mais qui n’étoient pas faites pour arrêter. Aufli
bientôt tout ell détruit , les fondations & les fouterreins immenfes de la Salle de Speétacle fe conf-
truifent avec autant de folidité que de promptitude, & l’ouvrage eft prêt à fortir de terre .
Mais ici, LOUIS XV meurt, & tout va s’arrêter.
Le Corps de Ville de Bordeaux fentoit vivement la néceflité d’une Salle, & toujours attaché
à l’exécution de mes Plans, il prit, le 27 Juillet 1774, une Délibération dans des termes trop
honorables pour que je puifle la rapporter ici. Jufqueslà enivré du bonheur d’éelverun grand
Monument, je ne m’étois nullement occupé de mes intérêts ; on n’avoit pas encore ftatué fur mes
honoraires : cet aéte les fixe , & annoncé# a plus grande confiance en mon travail & en mes moyens.
Rien n ’étoit plus encourageant pour l’exécution de mes projets. Mais un nouveau Miniftère veut
être inftruit des travaux de la Salle, de l’emploi des fonds des terreins vendus, de ceux quiref-
toient à vendre, enfin des reüources fur lefquelles on pouvoit compter pour achever l'ouvrage.
Je ferme tous les atteliers, & viens en Novembre 1774 > avec nies états de dépenfes, auprès de
M. Turgot.
Une des premières opérations de ce Miniftre, fut de foumettre aux ordres de M.Efmangart,
Intendant de la Province de Guyenne, les travaux de la Salle de Speétacle, 8c la délivrance des
fonds qui dévoient y être employés. En remettant ainfi tout le pouvoir aux mains d’un Adminiftra-
tcur éclairé dans les Arts, & accoutumé à traiter avec ceux qui les exercent , peut-être M. Turgot
avoit- il en vue de prévenir les inconvéniens delà diverfité des opinions dans la conduite d’un
ouvrage où un feul efprit doit opérer. Mais quelque fut le motif qui le détermina dans l’Arrêt
du Confeil,du 11 Décembre 1774, il excita des ennemis puifïans contre l’Edifice commencé. Lorf-
que par une infpeétion direéte on peut partager la gloire d’un Monument, tous les autres intérêts
peuvent être oubliés 3 mais fi l’on n’entre plus pour rien dans fa conftruétion , il eft allez ordi¬
naire alors d’en devenir les Cenfeurs, ou au moins des Spectateurs très-indifférents. Auflidèsque
le Corps Municipal , qui fix mois avant louoit à l’excès 8c mon ouvrage 8c ma perfonne , fe vit
privé de l’adminiflxation de la Salle , il m’abandonna à tous les effets d’une haine qui lui paroiffoic
encore au-deffous de fon mécontentement.
Plufieurs Habitans recommandables , qui jufques-là n ’avoient pas ofé exhaler le dépit que leur
intérêt particulier devoit naturellement exciter en eux , fe joignirent hautement à ceux qui fe
croyoient offenfés. Voici le motif de ceux-là : l’ancienne Salle de Speétacle de Bordeaux étoit
conftruite fur les Foliés de l’Hôtel de Ville, 8c elle étoit environnée de beaucoup de Maifons
Bourgeoifes, qui diminuoient de valeur par l’éloignement de ma Salle. Rien netoit donc mieux
B
4
DISCOURS PRÉLIMINAIRE .
au regard de ces intérêts que de cefferles travaux commencés. «Le nouveau Plan, fuivant eux,
» droit ridicule, lelévation ruineufe, & la Ville gagnoit infiniment en faifant une Salle mefquine
„ fur l’ancien emplacement voifin de leurs maifons ». Enfin , cenfures ridicules , calomnies capa¬
bles d’infpirer une injufle méfiance à un vertueux Minillre, démarches des Puiffances, tout -fut
employé pour faire avorter le projet le plus utile 8c le moins onéreux. Ceflà cette époque
que j’eus à lutter contre des Citoyens de qui je devois attendre 1 encouragement 8c le fouden }
& cette perfécution fut un hydre qui fe reproduifit jufqu à la fin de 1 Edifice.
Si je m’abandonnai à quelque vanité dans l’exécution de la Salle de Bordeaux , ce fut furtout
dans cette occafion, où je ne fentis nulle atteinte du dégoût dont les ennemis démon ouvrage
cherchoient à me frapper. L’étude pailible d’un Art, aufli agréable qu’utile, ninfpire pas tou¬
jours les moyens de prévenir tout le mal dont la haine efl capable, ni la force de lui réfifter. Je
me fuis trouvé ce courage: voilà ce qui me flatte, 8c quelquefois me furprend.
Le premier crime qu’on m’imputa, fût d’avoir annoncé unedépenfe modérée, & d’en avoir
déjà fait une affez confidérable. Ce tort n’en étoit pas un, puifqu’il provenoit de difficultés qu il eft
impofliblede juger d’avance j mais préfenté comme on faifoit, il pouvoir donner de dangéreufes
préventions à un Miniftre intègre. Cet homme éclairé aimoit les Artifles , il leur étoit très-ac-
ceflïble 5 il fe plaifoit à les entendre , 8c bientôt il devint mon apologifle. On va voir maintenant
fi j’ai pu l’abufer.
Les fondations & fouterreins de la Salle montoient à un prix très-haut. Cet ouvrage avoitété
fait par entreprife, les marchés en avoient été arrêtés par l’homme de la Ville, comme je l’ai
dit plus haut , il avoit contrôlé les toifés & en avoit fait la vérification. Or cet Architedle n’a
jamais pu être foupçonné de ménagemens à mon egard. Donc fi les depenfes premières de la Salle
de Spectacle ont été confidérables , elles n’ont pu être abufives. Cette vérité bien démontrée, le
Miniftre n’avoit plus à m’oppofer que la dépenfe du relie de mon projet. Elle lui paroilloit énorme
au taux où il avoit été commencé. Son ame éprouvoit un combat entre l’économe de l’État
& l’homme ami des grandes chofes. Afin que la néceffité préfente de l'économie ne lui fit pas
facrifier le bien public dans un point de vue plus éloigné, je lui propofai des réduôlions d’ou¬
vrages, 8c lui montrai un état dans lequel la Salle de Bordeaux privée d’accelïoires , utiles à la
vérité , mais non pas indifpenfables , s’exécuteroit pour la fomme d’un million cinq cent mille livres.
Pour l’opérer, j’ouvris la voie de conftruire par économie. Je fentis toute la force de ma propo.
fition : mais ni les fatigues des atteliers , ni les courfes dans la Province où je travaillois , ni les
dépenfes particulières, rien ne m’effrayoit , pourvu que l’achèvement de l’Edifice eut lieu. A cet
effet je m’engageai à procurer des bois des Pyrénées achetés de la première main , à me tranf-
porter dans les carrières, à y enfeigner aux ouvriers l’art inconnu pour eux de tirer des pierres
de douze , quinze ou dix-huit pieds de longueur dont j’avois befoin, à imaginer des machines
économiques & fùres pour leurs chargemens& déchargemens, à porter le même foin pour les
briques,
T
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
briques, la chaux, le plâtre, & tous les matériaux nécefTaires à un Edifice de la nature de celui-
ci. Le nouveau genre de travail que je m’impofois ne paroilToit pas de peu d’importance à un
Miniflre qui fçavoit que les conftruétionsde la Capitale , où tous les matériaux fe puifent à volonté,
n’entraînent pas ces difficultés.
A la fuite de ce Plan de conduite , j’établis la plus grande clairvoyance dans mes opérations ,
8c je n’acceptai fon confentement , qu’à la condition qu’il feroit fait tous les mois trois états de
dépenfes, tant des achats des matériaux que des journées d’ouvriers, defquels, un feroit envoyé
au Contrôle général des Finances, un à M. l’Intendant de la Province, 8c le troifiéme au Bu¬
reau de 1 Hôtel de V ille de Bordeaux : l’original , ainfï que les pièces juftificatives , devant relier
dans le mien. Cesétats, avant quedetre envoyés, dévoient être exactement vérifiés, contrôlés&
lignés par 1 Architeéle propre du Corps de Ville. Tels furent mes conventions avec M. Turgot ,
8c je ne fçais lequel lui plut davantage, ou de ma loyauté , ou de ma ténacité à fuivre mon entre¬
prit» mais il ne fe contenta pas de me donner en particulier des témoignages de fatisfaélion 8c
de confiance; il exifte des perfonnes dans les premiers rangs de la Nobleffie & du Miniflère qui
peuvent atteller s’il m’honoroit de fon ellime, & s’il fe plaifoit à le dire.
L’Hyver s’étant paiïé en négociations, je revins à Bordeaux, au mois de Mars 1777 , &tousIes
atteliers de la Comédie fe rouvrirent. Les démarches de l’envie ne fe rallentifîoient pas; elles ne
ma voient pas rebuté; 8c il lui etoitimpoffibled attaquer ma conduite. Elles s’en vengeoient en at¬
taquant l’ouvrage à mefure qu’il s'élevoit. J’y étois infenfible, quoiqu’elles trouvailent peu de
contradideurs dans la Province, où l’on nepeut guères compter que fur un petit nombre d’amis:
les défenfeurs du bon goûtfemblentfe réunir dans la Capitale. Là le vrai fçavoirramene tôt ou tard
au fain jugement, 8c détruit les fauffes préventions, 8c il faut convenir que ces foutiens des
Artiftes 8c leurs approbations précieufes , font un puiffiant remède contre l’ennui des méchantes
fatyres. Mais on nuifit à 1 élévation de ma Salle par un moyen bien plus férieux. Un Arrêt du
Confeil du 7 Mars 177^, ordonne la vente du relie des terreins excédens celui qui étoit nécef-
faire à la conltruélion de la Comédie. La Ville elt chargée de cette vente ; elle fe fait , & ne
produit environ que huit cent trente mille livres. Quand on conlïdère que j’avois obfervéde ré-
ferver, pour être vendus ( 1 ), les emplacemens les plus commodes pour le commerce, qu’ils font
au centre du Port, & attenans la Comédie, la Bourfe 8c la Place publique, on convient qu’ils
n’ont pas produit les avantages qui en auroient dû réfulter. Onnauroitpasétéfurpriss’ilsétoient
montés à un tiers de plus. Les fonds pris fur l’emprunt de Gênes épuifés, le prix des terreins
vendus fe payant feulement, on fent qu’il eut fallu des reffources plus étendues pour fuivremon
zele 8c hâter 1 édifice. Cependant les fyftêmesde bienfaifance publique de M. Turgot, ne les
(1) Voyez Planche première.
C
6 DISCOURS PRÉLIMINAIRE .
favorifoient pas. En privant le Corps Municipal de fon revenu ordinaire fur les oêtrois, non- feu¬
lement les fonds deftinés à la conftruôlion de la Comédie s’épuifoient fans efpoir de les voir rem¬
placer, mais encore la Ville s'endettait chaque jour , n’ayant plus de quoi fubvemr meme a Tes
dépenfes journalières 8c de première néceffité. Ainfi le bien même a des bornes; porté à l’excès, il
ce (Te de l’être & devient funefte. Ainfi M. Turgot détruit d’un côté ce qu’il veut voir élevé de
l’autre , fes vues fe choquent, & ce même Miniftre qui avoit rétabli le calme dans mon âme , &
foutenu mon courage, alloit m’enlever même jufqua l’efpérance.
Qu’on fe figure un Architeéle étranger à la Ville dans laquelle il bâtit; environné de jaloux & de
contradiéleurs ; devenu le feul foutien defes projets 8c auquel les fonds manquent de toutes parts.-
obligé cependant de répondre aux demandes des Fourniffeurs de toute efpèce dont il a obtenu
d’abondans matériaux fur les efpérances d’un exaét payement, 8c d’entendre les Plaintes de tous
les Employés qu’il a attiré par les avantages probables d’un travail fuivi : telle étoit ma fituation*
Pour échapper à des pourfuites affligeantes 8c fi bien fondées , falloit-il fuir ? hélas ! ce parti
affreux eut confolé mes ennemis de leur propre difette....Non, je n’envifageai pas même comme
poffible d’interrompre les travaux de la Comédie. Quelle perte en effet, fij’eufle abandonné dans
les Chantiers les Bois& autres Matériaux dont je m’écois pourvu à l'avance? d’un côté, comment
aurois-je pu raflembler de nouveau autant de travailleurs , fi malgré les promeffes qui les avoient
attirés près de moi, ilssctoient vus forcés de s’éloigner par défaut de paiement ou d’ouvrage. Que
fis je donc en cette extrémité? Tout ce que j’avois de bien 8c de fortune je l’engageai; je formai
des emprunts en mon propre nom. Ce moyen fut le feul qui me relia pour entretenir mes tra¬
vaux, je l’employai fans héfiter. Mais on fent ce que peut la fortune 8c le crédit d’un particulier
pour l’élévation d’un Monument public , 8c l’on jugera allez de la lenteur avec laquelle il marchoit
vers la fin.
IJn changement dans le Miniftère prévint l’épuifement prochain de ma dernière reffource, 8c
me releva de cette crife terrible. M. de Clugny paffe de l’Intendance de Bordeaux au Miniftère
des Finances. Sans être né avec un goût particulier pour les Arts , qualité qui feroit cependant
bien néceffaire à celui qui dirige l’emploi des revenus de la France , le nouveau Contrôleur-Géné¬
ral aimoit la Salle de Speêlacle de Bordeaux; Se dès fon entrée à l’Intendance , il l’avoit jugé né-
ceflaire à la Ville 8c digne de la Province. Il y a plus , l’amitié qu’il me portoit l’en rendit zélé
protecteur. Ce fentiment n’étoit pas l’effet de mes intrigues auprès de lui. Je lui avois fait ma cour
comme la doit faire un Artifte, par mes travaux. Je me rappelle avec trop deplaifirl’occafionqui
fit naître le fentiment vifdontilm’honoroit, pour n’en pas entretenir uninftant le Public.
Monfeigneur 8c Madame la Ducheffe de Chartres vinrent à Bordeaux. M. l’Intendant brûle du
defir de leur donner un témoignage éclatant de la joie qu’ils procuroient à la Ville parleurs
préfences. Le tems étoit court : il ne m’accorda que onze jours pour fervir fon zèle ; ils me
parurent
7
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
parurent fufEfans. J’élevai plufieurs §alles au milieu du Jardin de l’Intendance, & il fut le théâtre
d’une Fête (i), qui fatisfit,i’ofe le dire, un Prince accoutumé à ces Spectacles, & qui fut applau¬
die de la Province. Son fuccès, la célérité & l’économie que. j’y apportai, enchantèrent l’Admi-
niftrateur , & il me donna des témoignages d’une fatisfaction que je croyois bien alors devoir
être lunique fruit de mon zèle. Je ne prévoyois pas toutes les fuites de cette befogne paffagère j
car la perfection de la Salle de Bordeaux n’en fut pas la feule récompenfe : c’elt à cet heureux
événement que je dois la valte entreprife dont me charge aujourd’hui Monfeigneur le Duc de
Chartres, avec le titre honorable de fon premier Architecte.
J’ai interrompu ici l’ordre des faits, pour fuivre les motifs qui avoient intéreffés M. deClugny
à la Salle de Bordeaux .- je les reprends. Dès l’arrivée du Prince en cette Ville, je conçus le projet
de lui demander la faveur de pofer la première Pierre de mon Bâtiment ) jufques-là , cettecérémo-
nie ne m’avoit pas occupé. Il voulut vifiter nos travaux , j’eus l’honneur de l’y fuivre } & enhardi
par fon fuffrage , j’ofai faire ma proportion .- il l’accepta avec les plus fatisfaifans témoignages
de bontés. Madame la DucheUe de Chartres voulut bien être de moitié dans ce bienfait( z ) : 8c la
folemnité eut toute l’influence que devoit répandre cette Protection fignalée.
Mais revenons aux Ouvrages de la Comédie, M. de Clugny étant Contrôleur-Général des Fi¬
nances. Ce Monument fut un des premiers points dont il s’occupa pour la Province de Guyenne ;
8c comme il avoir été témoin des balottemens 8c des incertitudes auxquels fon élévation avoit été
expofée, non-feulement il voulut qu’il fe conilruifit, mais même il alfura fa perfection. Il y a plus ]
inftruit des déplaifirs quem’avoientcauféslesreltriCtions économiques auxquelles M. Turgot m’a¬
voit forcé, il entra dans mes vues d’embellilTemens, donna à mes idées leur libre cours, & m’en¬
gagea encore à les aggrandir.
M. de Clugny marchoit fCirement dans le Département deBordeaux-.ilconnoiffoit &: fes befoins
8c fes reflources. Il rendit à la Ville fesoClrois, par un Arrêt du z\ Novembre 1776 , obtenu fur
Requête, à la charge de faire une réfer ve de cinquante mille écus, par chaque année, lefquelsde-
voient être employés d’abord à l’achèvement de mon entreprife, &enfuite aux divers Edifices Pu¬
blics, qui tous manquent à la Ville, tels qu’un Palais pour la Jultice, un Gouvernement, des Fon¬
taines, un Hôtel de Ville , &c. &c. L’époque de cet Arrêt montre que M. de Clugny ne l’a voit pas
encore publié lorfqu’il elt mort , mais le Miniltre fage qui l’a fuivi dans l’adminiltration des Fi¬
nances, n’a pas héfité de remplir fur cet objet toutes fes intentions. C’elt fur ce revenu annuel de
cent- cinquante mille livres, infuffifant alors pour payer les dettes contractées dans le tems de la
difette, 8c pour opérer la fin de mon ouvrage, que la Ville de Bordeaux forma un emprunt capable
defubvenir à ces emplois urgents. Je ne parlerai pas de la lenteur deces opérations, ni des entraves
( I ) Le 14 Avril 1776,
(a) Avril 177$,
D
8 DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
qu’on y apportent 5 car la claufe de l’Arrêt du Confeil du ije Décembre 1774, écoit encore confir¬
mée par celui ci, & l’Intendant de la Province reftoit toujours chargé de l’infpecHon fur la nou¬
velle Comédie, 8c fur l’emploi des fonds. Mais les tourments de quelques malveillants ne dimi¬
nuèrent rien du plaifir dont m’enivroit la cercitude d’achever ma Salle, 8c furtout de 1 honneur
dont j’avois été comblé en 1777. Année heureufe où j’avois fait hommage de mon travail à
Monsieur, Monfeigneur le Comte d’Artois & Sa Majesté Impériale ! Enfin , celt au
milieu de tant de jouilfances 8c de combats, que la Comédiede Bordeaux s acheva, & fut ouverte
au mois d’ Avril 1780.
Sans porter en valeur l’avantage de polféder un Monument public, qui peut-être mérite quel¬
que eftime , ceux qui en font les plusardens détracteurs fe récrient fur la dépenfe fort au defius
de celle que j’avois préfentée. Pour leur répondre, je conclurai en offrant ici d’un côté la fomme
totale de ces dépenfes, 8c de l’autre les fruits qu’en retire le Corps de Ville quieneftaujourdhui
Propriétaire, alors on verra files reproches fourds, les écrits malins font fondés en raifon.
Jefçais fort bien que les produits de la Salle euffent été plus avantageux, fi, la conflruction
d’ailleurs la même, le prix en eût été moindre. Mais pour ma caufeilfuffitde prouver que jen’ai pas
pu le diminuer, & que, de ma part, il n’y a ni malverfations, ni négligence, ni ineptie, nifur-
prifes.Si ces grandes dépenfes n’ont puêtreprévues, ou fi elles ont été occafionnées par desaug¬
mentations avantageufes & autorifées , toutes ces clameurs, toutes ces plaintes tombent d’elles-
mêmes. Or je demande premièrement, fi je pouvois prévoir les frais confidérables occafionnés
par la démolition des pilliers tutelles, par le comblement des fondrières que préfenta le Chenal
encore fubfiftant fous terre depuis tant defiecles , 8c tous les travaux auxquels on a été forcé par
ces découvertes pour établir l’afïïette d’un vafte Monument.
Secondement, mes Plans furent fignés en 177 3, ils dévoient s’exécuter en trois ans, 8c cetoitmon
efpérance lorfque j’abandonnai la Capitale, & tout ce quelle promet davantage aux Artifires. Si
tous les événemens dont j’ai rendu compte ont prolongé l’élévation de la Salle jufqu’en 1 7 8 o , fi dans
cette efpace la prolongation des appointemensdes employés de tous genre, l’augmentation fu-
bite que caufa la guerre dans les journées d’ouvriers, 8c l’accroiffement incroyable dans le prix
des bois (1), des pierres de de tous les matériaux ont plus que doublés la dépenfe, fautûlm’en
trouver coupable, lorfque mon état, mes intérêts propres en ont fenfiblementfoufferts, parla
confommation forcée de tous mes honoraires pendant un fi long féjour?
(x) M. Sage Avocat-Général du Parlement de Bordeaux, & M. le Gril, Tréforier de France, qui ont bâti dans le même
tems que la Salle de Speâacle a été conftruite , ont acheté d’abord le plâtre quinze livres le mont , & avant la fin de leurs bà-
tifles ils le payoient foixante livres. La multitude des conllruûions d’une part ; de l’autre, le défaut d’ouvriers provenans des
enlèvemens de Matelots & de Soldats , ont augmenté dans les mêmes proportions les bois & tous les autres matériaux.
Troifiémement
9
DISCOURS PRÉLIMINAIRE .
Troifiémement , fi j’ai augmenté la dépenfe par la peinture du Plafond ( i ) dont le fuccès a bien
juftifié mes defirs; fi j’ai voulu des figures pour l’ornement de l’avant -Scène, de la Porte du
Théâtre & du Péryflile, faites auflî par un Artilte distingué ( z ) , doit-on m’en blâmer? ces or-
nemens font convenables à un Speêtacle national , 8c ce n’a pas été fans l’attache des Adminif-
trateurs qu’ils ont été exécutés.
Quatrièmement , fi j’ai cru devoir achever la Salle de Concert qui faifoit partie de mon Plan
& dont l’ufage journalier pour les Afïemblées & les Répétitions , fait fentir aujourd’hui l’im¬
portance } fi j’ai confenti qu’on munit le Magafin de la Comédie de douze Décorations, 8c
que pour cet effet j’aie fait venir de Paris, autant que je l’ai pu, les Peintres de ce genre, ces
augmentations font-elles des recherches déplacées, des furprifes, des inutilités?
Cinquièmement, l’éclairage que j’ai étendu de la manière la plus détaillée ; des aflurances con¬
tre le feu, par des réfervoirs, des corps de Pompes & des tuyaux fans nombre } des commodités
de toute efpèce 8c toujours renaiffantes lorfqu’on termine un bâtiment 8c la plupart deman¬
dées ( 3 ) avec inltance par les Chefs de la Ville, font tous ouvrages qui, malgré les frais qu’ils
ont occafionnés , n’ont pas dû être épargnés , tant dans l’intérieur qu’au dehors. Il eut été im-
poflîble même au plus grand praticien d’en prévoir la multiplicité, & j’avouerai fincèrement que
ces dépenfes m’ont trompé. Je vais le prouver d’une manière qui caraclériferainconteftablement
ma bonne foi.
A l’époque du z Mai 1779 , MM. les Jurats, maîtres alors de la Comédie, uferent des droits
dont- ils avoient été fi longtems privés, en me demandant un état des dépenfes à faire , tant à la
Salle de Speôlacle qu’aux lieux qui en dépendent. Je fais cet état, & même je le ligne avec cette
affurance qu’infpire toujours la franchife. Cependant les ouvrages portés par l’état 8c quelques
autres détails indifpenfables , s’exécutent 8c montent au-delà de fon total, malgré toute ma fur-
veillance. Je jugeai bien de l’excédent à mefure que j’opérois,maisjenecrus pas que cet inconvé¬
nient dut m’arrêter dans l’exécution de chofes très-utiles.
Le Public à qui je foumets cette circonftance jugera de ma loyauté , lorfqu’il faura que je
m’attendois bien à être privé des honoraires des fommes de dépenfe qui excéderoient l’état que
j’avois figné. Le Corps Municipal de Bordeaux n’a pas trompé mes préfomptions, &ellesnem’ont
point arrêté pour confommer autant que je l’ai pu la perfection de mon entreprife . Mais
fuivons : que je n’aye pas toujours prévu l’augmentation journalière des matériaux, il ne s’enfuit
point que leur emploi n’ait pas été indifpenfable, économique, 8c leur confommation effective ;
tous les comptes , je ne cefïerai de le répéter , ayant été contrôlés 8c fignés par l’homme de la
(1) M. Robin eft l’Auteur de ce Plafond : il vient d’être gravé par M. Le Mire.
(2) M. Berruer a fait une partie de ces figures, & c’eftfurfos modèles que le refte a été exécuté.
(3) Les commodités même font choies auxquelles il paraît qu’on eut facrifié la diftribution convenable à une Salle de Speêhcle ;
car j'apprends que les Chambres qui précédoient la Salle de Concert & qui avoient des deftinations très-elTentielles viennent d’être
changées en logemens particuliers. Si ces métamorphofes déplacées fe tolèrent , on ne retrouvera bientôt plus, que dans ce Recueil ,
le Monument tel que je l’ai bâti à Bordeaux.
E
1D DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
Ville. Que je n'ayepu juger dès en commençant de toutes les commodités de détails propres aux
ufages du Pays, ce n'eft pas une ineptie; & on aura perdu tous droits dem'enfaire desreproches,
puifque mes honoraires retenus fur ces dépenfes les ont en partie payés.
Il eft tems de compter. La Salle de Speftacle de Bordeaux , dont on va voir les détails & les
vues générales, tout bien mefuré, adépenfé ( i ) deux millions quatre cent trente-fix nulle cinq
cent vingt-trois livres dix-neuf fols, ci . 1 ^
Voyons de quel total ce Monument charge une des premières, 8c toute
proportion gardée, la plus riche Cité du Royaume de France.
En terrein vendu & donné par le Roi à cet effet fur les glacis du Château-
Trompette, huit cent trente neuf mille deux cent trente-trois 1. 8 59,2-53
En locations faites par le Corps de Ville aux Entrepreneurs de
la Comédie 8c lieux acceffoirs, cinquante- fix mille livres par an.
Ce loyer fufceptible après le Bail aôtuel d’augmentation, produit
en fond placé à cinq pour cent , la fomme de onze cent vingt
mille livres, ci. . . 1,12.0,000
Rapprochant ces deux fommes , 8c leur total étant fouftrait de la
dépenfe entière , il reliera à la charge de la V ille de Bordeaux , quatre
cent foixante-dix-fept mille deux cent quatre-vingt-dix livres dix-neuf fols,
pour la propriété de la Salle de Spectacle, ci. . . 477=1S° C
Je Iaiffe au Public à pefer fi un bien fonds en bâtiment éternel par fa folidité , doit rapporter
ou cinq, ou quatre, ou trois pour cent d'intérêt. Alors quelques perfonnes pourront juger , fi
j’ai contribué ou non à l’avantage de la Ville , & fi j’ai mérité les calomnies & les perfécutions.
Tranquille fur ce point , j’offre maintenant la partie du talent à la cenfure des hommes im¬
partiaux & éclairés. Elle me fendra d'utile leçon , & je la recevrai avec reconnoiffance & même
avec joie.
(x) Les Mémoires imprimés fur la difeuffionfurvenue entre Mgr le Duc de Chartres & la Ville de Paris, me donnent un moyen
de comparer la dépenfe du Monument fait à Bordeaux avec celui de la Salle de l’Opéra de Paris, confumé par le feu en 1780.
On lit page 9 du Mémoire imprimé pour les Prévôt des Marchands & Echevins, que la Salle de Paris a coûte 2,400,000 livres;
obfervons que Mgr le Duc d’Orléans fut chargé alors de la conftruâion des gros murs: voyez page 19 du Mémoire en réponfe
pour Mgr le Duc de Chartres. Comme on pourrait répliquer que la main d’œuvre &les matériaux font plus chers a Paris qu’à
Bordeaux , voici un expofé des différences : Les Ouvriers fe payent plus chèrement dans cette Province, & il eft plus difficile de s en
procurer. Les Artiftes exigent des remifès de frais de voyage & de déplacement qu’on ne peut raifonnablement leur refufor. Les bois
avant la fin de la conftruâion y ont été plus chers qu’à Paris. Le Fer y coûte bien davantage. La pierre dure coûte autant a Bordeaux
qu’à Paris. La pierre tendre y eft meilleur marché. La chaux auffi meilleur marché, Le plâtre beaucoup plus cher.
FIN.
EXPLICATION
DES PLANCHES-
CONTENUES EN CE VOLUME.
Planche F. Plan de la partie de la Ville de Bordeaux qui avoifine la nouvelle Salle de Speélacle.
IL Plan des premières fondations.
III. Second plan des fondations au niveau de la rue de la Comédie.
IV. Plan du rez de-chauflée au niveau de la Place.
V. Plan au niveau des premières Loges.
VI. Plan au niveau des fécondés Loges.
VII. Plan au niveau des troi/Ièmes Loges.
VIII. Plan au niveau des quatrièmes Loges.
IX. Vue en perfpeètive de l’entrée principale.
X. Plan au-deiïus du Plafond de la Salle.
XI. Plan des Combles.
XII. Élévation de la principale Entrée.
XIII. Élévation latérale.
XIV. Élévation derrière le Théâtre, fur la rue de la Comédie.
XV. Coupe fur la longueur du Bâtiment.
XVI. Coupe prife au milieu du Veftibule, qui fait voir la Salle du Concert.
XVII. Coupe de l’Efcalier prife fur la largeur du Bâtiment.
XVIII. Coupe fur le milieu de la Salle, du côté de l’avant-Scène.
XIX. Vue en perfpeéfive de l’Entrée principale.
XX. Vue en perfpeétive de l’intérieur de la Salle, qui fait voir la partie du Théâtre.
XXI Vue en perfpeétive de l’intérieur de la Salle, qui fait voir l’Amphithéâtre.
A ces Planches on peut ajouter celle du Plafond peint par M. Robin, gravé par M. le Mire,
laquelle fe trouvera chez le même Libraire qui vend cet Ouvrage.
Avis aux Relieurs. Les Relieurs auront foin de réferver un onglet pour y pouvoir attacher
ladite Eftampe du Plafond.
APPROBATION.
T’m examiné par orjte de Monfeignenr le Garde de. Sceaux , le Manufçrit intitulé SalU * Bonkaux, par M. Louis
rtien ue peu. Jpeedre la permiffiou d'imprimé ee. Ouvrage , il me. fous le. yeux des Ante & de. Ama.eur.1 eufcuble
& les détails d’un Monument célèbre qui concourt, comme ceux du meme rang,
Nation. A Paris, le 9 Août 1781.
1 illuftrer leur Auteur & à honorer la
ROBIN.
PRIVILÈGE DU ROI.
Louis, par là GRACE de Dieu, Roi de France et de Navarre : A nos amés & féaux Confeillers,
les Genstenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Gonfeil , Frevot de 1 ans ,
Baillifs , Sénéchaux, leurs Lieutenans- Civils & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra : Salut. Notre bien ame le heur
Louis Architecte du Roi de Pologne, Nous a fait expofer qu’il defireroit faire imprimer & donner au Public un Lhivrage
de fa compofition intitulé : Salle de Bordeaux , s’il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège a ce necefTa.res. A ces
Caufes voulant favorablement traiter l’Expofànt , nous lui avons permis & permettons de faire imprimer ledit ouvrage autant
de fois' que bon lui femblera , & de le vendre, faire vendre partout notre Royaume. Voulons qu’il jouille de 1 effet du prêtent
Privilège, pour lui & fes hoirs à perpétuité , pourvu qu’il ne le rétrocédé a perfonne ; & fi cependant il jugeoit a propos den
faire une ceflion l’A&e qui la contiendra fera enregiftré en la Chambre Syndicale de Paris» a Pel?e de nullité , tant du
Privilège que de la ceflion ; & alors par le fait feul de la ceflion enregiftrée , la durée du prefent Privilège fera réduite a celle
de la vie de l’Expofint ou à celle de dix années , à compter de ce jour , fi l’Expofant décède avant l’expiration defdites dix
années Le tout conformément aux Articles IV & V de l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777 , Partant reglement fur la duree
des Privilèges en Librairie. Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes de quelque qualité & condition
ou’elles foient, d’en introduire d’impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obeiflance ; comme aufli d imprimer outeire
imprimer vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire lefdits Ouvrages, fous quelque prétexté que ce puifle etre, fans lapermiflion
expreffe & par écrit dudit Expofânt, ou de celui qui le repre'fentera , a peine de faifie & de conhfcation des Exemplaire? contrefaits ,
de fix mille livres d’amende , qui ne pourra être modérée, pour la première fois ; de pareille amende & de decheance d’etat
en cas de récidive , & de tous dépens , dommages & intérêts, conformément à l’Arrêt du Confeil, du 30 Août 1777 ,
concernant les contrefaçons. A la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Imprimeurs & Libraires de Paris , dans trois mois de la date d’icellcs; que l’impreflion dudit Ouvrage fera faite dans notre
Royaume & non ailleurs , en beau papier & beau caraûère , conformément aux Réglemens de la Librairie , à peine de
déchéance du préfent Privilège ; qu’avant de l’expofer en vente , le manufçrit qui aura fervi de copie a limprefhon dudit
Ouvrage fera remis dans le même état ou l’Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier
Garde des Sceaux de France le fieur Hue DE Ml RO MÉNI L , Commandeur de nos Ordres ; qu’il en fera enfuite remis deux
Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre très-cher &c
féal Chevalier Chancelier de France, le fieur de M aupeou, & un dans celle dudit fieur HuE de M i roménil : le
tout à peine de nullité des Préfentes. Du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofânt & fes
hoirs, pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu’il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des
Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, loit tenue pour duement fignifiée,
& qu’aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Confeillers-Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l’origipal.
Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis , de faire pour l’exécution d’icelles, tous aâes requis &
néceffaires fans demander autre permiffion , & nonobllant clameur de Haro , Charte Normande & Lettres à ce contraires :
Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris, le vingt-huitième jour de Novembre, l’an de grâce mil fept cent quatre-vingt-un , &
de notre Régné lç huitième. P^r le Roi en fon Çonfçil.
L E B E G U t.
Regijlrè fur le Regiftre XXI de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , N° z^pÇ^fol.
6i<, conformément aux difpo filions énoncées dans te préfent Privilège ; h à la charge de remettre à ladite Chambre les huit
Exemplaires preferits par t Article ÇVIII du Réglement de ijzj. A Paris , ce vingt-quatre Décembre mil fept cent quatre-vingt-un.
Leclerc, Syndic.
De l’Imprimerie de C A I L L E A U , rue Saint-Severin.
QUI AUOJSINE LA NOUVELLE SALLE
pl.ih.
SECOND PLAN DES FONDATIONS AU NIVEAU DE LA RUE DE LA COMEDIE.
Pièces dent l'une sert de tbrps de ûirde du Spectacle,
l'autre dc Jfapaxin peur tes J/ûi/cs et Jéampwns
Rue Porte R ichelœu-R
PL. JY.
PLAN DU REZ DE CHAUSSEE AU NIVEAU DE LA PLACE.
S
S
P
<5
c
c
A. Grand esra/'er commun a ir Sade </c
CpecthçA et- a- ce/te de Concert .
B • B . Ecai/ùre finir Ai l-at/es ■
C.c . EeadmtAr loyer dit. A/curr etdVrùw .
J) D . Escatûre dury/ff'artcnienA oeArrtettre .
K . K . Eradtenr dé tAttyendpjnr&Sa/A de Concert .
J.J.J. BeffneneopnUÛfuÀc au, A-reu.' ,Ar iire'Lojor. N- Cm-e fur Ar CarcAr du tic a ucmcur
K . Jtmrour de Contint -Scène. O. O . Entrer r du Jbrferr-
L. JttMjour do TActt/re . P.P • Coder.
R. R. üràunre.
T. Cor f de Garde ultérieur
Z . L.ye du Stusce.
R'&. Betdufttr.t e. vterieure .
Rue de j- Fossés du Chapeau, — Rouge
PLAN AU NIVEAU DES If'"6 LOGES.
PL. -v:
as laaasi
sa sssif
30jjr> j
Uitaa-r
giosaE
E.E . Krd/ùr.r Je Je?a?emenl pour
AiSa//r Je Ctwueri.
F . Orc/iAf/re .
r
AU NWEAU DE E AT TIQUE
n/.tn/ df/èntl. Q ■ Q .
t/tbjfCuAmisfo .
ELEVATION GEOMETRALK DE LA PRINCIPALE ENTREE
PI îG
COUPE DE TyÇSCALIER SUR I,A LARGEUR DU BATIMENT ,
DE L'INTERIEUR DE LA SALLE OUI FAIT VOIR L' AMPHITHEATRE .
74V